La convention collective 66...Kesako? C'est la convention qui règlemente notre secteur, qui donne un cadre à nos conditions de travail, à notre position dans l'institution, qui fixe nos salaires etc, etc...
Depuis bientôt 5 ans les syndicats d'employeurs de notre secteur (FEGAPHEI, SOP et SNASEA) marquent leur volonté de "rénover" cette fameuse CC créée en 1966. Il paraît évident, à leurs yeux, qu'il faille la moderniser pour l'adapter au monde du 21ème siècle.
Que s'est-il passé? Notre secteur a changé, de nombreuses professions sont apparues, les Trentes Glorieuses sont finies (ah bon?)...Bref, c'est la merde. Qui plus est c'est la crise internationale, alors les budgets...
Sans faire d'obscurantisme, on peut se demander si les propositions des ces syndicats d'employeurs sont sérieuses au regard des salariés, de nos qualifications et de la peinibilité réelle ou ressentie par ces mêmes salariés.
Effectivement on peut parler de peinibilité ressentie quand on pense à nos "anciens" toujours en poste qui ont connu l'époque où les 35h n'étaient qu'une lointaine revendication de quelques syndicats, que les nuits n'étaient pas assurés par des veilleurs des nuits mais par des éducs qui bénéficiaient d'horaires aujourd'hui inenvisageables.
On peut également parler de peinibilité réelle lorsque l'on compare l'évolution des publics et celles des crédits apportés pour travailler avec eux. Travailler plus avec moins de moyes, ça vous parle?
Alors, ces propositions?
SALAIRES: A la baisse et au mérite
- Revalorisation des salaires en début de carrière pour attirer les jeunots mais diminution de l'évolution des salaires sur la carrière (de 50% à 30%) sachant que l'augmentation de départ ne correspond pas à la perte subie en fin de carrière.
-Récompense des meilleurs éléments d'une structure: 5% de la masse salariale des structures pourrait être consacrée à récompenser les meilleurs salariés. Qu'est-ce qu'un meilleur salarié? Quelqu'un qui choisit de s'occuper d'usagers connaissant le moins de difficulté et qui de ce fait entame plus de projet et connaît plus de "réussite" le plus rapidement possible. Cela provoque une mise en concurrence entre les salariés (comme à MacDo) tout à fait intéressante pour la cohésion des équipes et interroge sur la vision qu'ont les syndicats d'employeurs du travail social et des ponts qu'ils créent entre le secteur commercial et le secteur du social (qui parle de rentabilité?).
CONGES: Promotion Burn Out
- Nous bénéficions actuellement de CT (congés trimestriels pour les non-initiés), à savoir deux jours par mois de repos en plus des cinq semaines de congés payés. Nous avions donc 24 jours de congés trimestriels plus ces cinq semaines. Il est désormais question de les supprimer. L'histoire ne dit pas quelles seraient les conséquences de cette disposition sur le burn-out (voir wikipédia ou un truc plus intelligent) déjà présent dans le secteur social. C'est un travail humain, où l'on s'engage moralement voir physiquement.
RECRUTEMENT: Diplômes? Quels diplômes?
-L'époque glorieuse des self-made-man est-elle dépassée? Pas sûr. Effectivement il est envisagé de recruter les employés non plus en fonction de leurs diplômes mais en fonction de leurs compétences...Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'une personne non diplômée ou non qualifiée pourra être embauchée en "faisant-fonction" (ce qui se passe actuellement) si le recruteur lui reconnait des qualités qui lui permettent de travailler dans sa structure.
Cela se passe déjà actuellement mais cela sera désormais normalisé.
Exemple: Un moniteur-éducateur pourra être embauché en lieu et place d'un éducateur spécialisé. Ce qui ne va pas? C'est que le moniteur éducateur sera toujours payé comme un moniteur éducateur malgré son travail reconnus comme égal de celui d'un éducateur spécialisé et que ce dernier lui n'aura pas de travail.
De plus, les directeurs de structure sont de plus en plus issus de milieux éloignés du secteur social (management, commerce, droit...) et on leur proposer de juger les aptitudes de tel ou telle personne à remplire des fonctions dans un secteur qu'il ne connait pas ou peu.
Quel danger?
Elémentaire mon cher, Watson, pour les usagers. Imagine-t'on des employés moins bien payés, avec moins de temps de repos, à des postes qui ne correspondent pas à leur formation, incompris par leur direction pouvoir participer sereinement à l'insertion, à la protection, au soutien de personnes en grande difficultés? Se battre pour nous, c'est aussi se battre pour eux!
Mais ne soyons pas pessimistes, il existe d'importants avantages à cette "rénovation": On coûtera moins cher à la société, et ça, c'est important.
Réagir
Face à ces volontés affichées de "moderniser" la CC66 les syndicats sont mobilisés, attentifs, des collectifs se mettent en place. Si les stratégies syndicales peuvent diverger, toutes considèrent que ces propositions sont importantes et inquiétantes. A ce titre, le 22 octobre devrait consacrer la création d'un collectif girondin de défense de la CC66 (Athénée municipale-18h). Il ne s'agit pas de dire que tout va bien dans la CC66 (de nombreuses professions y sont particulièrement mal reconnues et payées: cuisiniers, secrétaires, agents d'entretien...) mais que les propositions actuelles représentent un danger.
PS: Bienvenue dans le Travail Social.
Sujet: Remaniement de la CC66 
Mer 8 Oct - 16:36
